Prendre Lily de Marie Neuser

Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur

Le 12 novembre 2002, en Angleterre, dans une petite ville balnéaire, Lily Hewitt, âgée de quarante-huit ans est retrouvée égorgée dans sa baignoire.

Elle a été horriblement mutilée.

Les trois policiers qui entrent dans la maison sont Gordon Mc Liam, le narrateur de l’histoire et ses coéquipiers Daphné et Jim.

C’est aussi le dernier jour avant la retraite du vieux Détective Chief Superintendant Folkestone.

Son remplaçant, le Détective Chief Superintendant Dennis Bradford arrive le lendemain.

À peine installé dans son nouveau bureau, celui-ci rassemble l’équipe et se rend sur place pour tenter de trouver quelque chose.

La presse fait déjà ces choux gras de ce fait divers sordide.

Alors que tout est censé rester confidentiel, des journalistes ont accès à des détails importants.

Dans les mains de Lily, une mèche de ses propres cheveux, mais dans l’autre main, une mèche de cheveux blonds d’une femme inconnue dans la base de données.

La presse a donné un nom au tueur : The Hair-in-Hand Killer

Quelques temps plus tard, le corps d’une jeune étudiante coréenne ; Sun Joo-Kim, est retrouvée assassinée.

L’enquête de routine sur les personnes vivant à proximité de Lily Hewitt fait bondir les policiers.

Damiano Solivo, le voisin italien de Lily, est une bombe à retardement.

C’est la découverte de son passif qui les fait tomber de leur chaise.

Comment est-il possible qu’un tel homme soit arrivé en Angleterre sans que la police n’en ait été avertie ?

En premier lieu, ils apprennent qu’en Italie, il a été soupçonné concernant la disparition de Gloria Prats, une jeune adolescente.

En creusant dans l’enquête de leurs homologues italiens, les policiers britanniques découvrent les habitudes de Damiano avec les cheveux des femmes.

Son petit plaisir est de leur couper des mèches de cheveux.

Malgré le travail de la police italienne et les fortes présomptions des enquêteurs, ils n’ont jamais réussi à l’inculper.

L’absence de preuves, de vagues soupçons de fugue et des appuis d’hommes « comme il faut » lui ont permis de ne pas être arrêté.

Pire, ils l’ont laissé quitter le pays.

Sauf que là, Damiano Solivo se trouve en Angleterre, loin de ses protecteurs.

L’homme est capable de produire un alibi en béton. Il va jusqu’à produire ses billets de transport qui prouvent qu’il était ailleurs au moment du crime.

Gordon est persuadé que Solivo est leur homme.

Le suspect donne l’apparence d’un homme mou, faussement amorphe, limite incapable de comprendre ce qui se passe autour de lui.

Il arrive malgré tout à repousser chaque assaut de la police à son encontre. Il donne des explications alambiquées sur tout.

Les policiers qui connaissant les déviances du suspect pour les cheveux des femmes font un appel à témoin.

La police reçoit des dizaines de témoignages de femmes qui disent avoir surpris un homme en train de tripoter leurs cheveux dans le bus.

Certaines femmes appellent, affolées, car elles se sont rendu compte, arrivées chez elles, que quelqu’un avait coupé une mèche de leurs cheveux, alors qu’elles prenaient le bus sans qu’elles ne s’en rendent compte de rien.

La police met Damiano sous surveillance étroite et passe ses faits et gestes à la loupe.

Chaque fois qu’ils pensent avoir trouvé une nouvelle preuve ou un nouveau témoignage, les policiers l’embarquent.

Celui-ci continue à clamer son innocence.

Son avocate arrive toujours à le sortir d’affaire.

Sans preuves directes, son client ne peut pas être inculpé.

Les années passent.

Gordon se sent investi par cette affaire comme jamais auparavant.

Révolté, il s’enfonce dans l’enquête au détriment de son mariage et de tout ce qui l’entoure.

Il est prêt à tout sacrifier.

Il ne vit que pour l’enquête et pour rendre justice à Lily et Gloria.

Gordon et ses coéquipiers et le Superintendant Dennis Bradford vont l’aider dans sa quête et puiser au plus profond d’eux-mêmes pour arrêter le monstre.

Avis du traqueur :

Des crimes abjects qui sont gravés sur la rétine de celles et ceux qui arrivent sur place.

Les enquêteurs vont travailler des années durant pour arrêter l’homme dont ils ont la certitude qu’il a tué plusieurs femmes.

D’espoir en désillusion, les policiers s’accrochent à tout ce qu’ils peuvent.

Tout au long de ma lecture, je me suis demandé si l’auteur était partie d’un fait divers.

Pendant mes recherches sur les deux romans, je suis tombé sur une page de RTL, Jacques Pradel dans son émission l’heure du crime.

L’affaire Restivo

Danilo Restivo, le « Coiffeur » meurtrier »

Ainsi, c’est donc vrai, il a vraiment existé.

Marie Neuser est partie d’un véritable fait divers qui s’est déroulé en Italie et en Angleterre dans les années entre 90-2000.

Je crois que c’est ce qui m’a le plus effrayé.

Quoi de plus terrifiant que de se rendre compte que les faits qu’elle rapporte ont véritablement existé.

Les deux romans Prendre Lily et Prendre Gloria, sont aussi sa manière de leur rendre hommage.

Prendre Lily est une enquête incroyablement complexe.

Le rythme de l’enquête est très juste. Des chapitres courts et une écriture dynamique.

À travers les aléas du travail des enquêteurs, Neuser montre à quel point les procédures judiciaires peuvent être longues et laborieuses.

Malgré la longueur de l’enquête, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer.

L’auteure arrive à nous captiver tout au long de son roman.

En choisissant Gordon comme narrateur, l’auteure transmet les frustrations, les colères et tout ce que ressent le narrateur au long de la procédure.

Chaque fois qu’un nouvel indice arrive, la frustration et la colère nous gagnent.

Un roman parfaitement structuré et une écriture addictive qui donne à l’auteur une autre dimension.

Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur