La trilogie berlinoise de Philip Kerr
Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur
Comme son titre l’indique, ce livre comporte trois romans policiers historiques.
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L’Été de cristal
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La pâle Figure
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Un requiem allemand
Ces trois histoires ont un personnage principal qui va nous guider tout au long des récits. À travers lui, nous allons plonger dans une époque mouvementée et rencontrer une grande partie des personnages importants qui vont occuper l’époque. Mais nous allons surtout voir comment un pays peut se transformer presque sous nos yeux.
Une situation peu utilisée par les romanciers, plus habitués à traiter le côté des alliés que celui des Allemands.
Ken Follett a écrit une trilogie, La chute des géants, en se basant sur plusieurs familles des différents bords et des rapports qu’ils ont pu avoir les uns avec les autres.
Dans le triptyque de Philip Kerr, on reste sur l’Allemagne et son peuple.
On va tenter de comprendre comment le national-socialisme s’est installé et comment l’État a mis sous sa coupe tout un pays. Nous allons observer des hommes mettre en place des lois immondes sans que la population ne se soulève.
L’Été de cristal
Berlin, 1936,
Premier roman et première rencontre avec un personnage atypique Bernhard Gunther.
Bernie Gunther a 38 ans. Ancien policier de la section criminelle, il est devenu détective privé. Devant la tournure des évènements, il a préféré claquer la porte de la maison poulaga.
Le Parti nazi prend le pouvoir le 30 janvier 1933. Très vite, il place ses hommes dans toutes les administrations afin d’avoir la mainmise partout.
La police ne fait pas exception. La corruption est endémique et les services font disparaître les détracteurs. Les arrivistes prennent place. C’est le règne des monstres.
Pour manger, notre détective privé doit travailler. Sa spécialité, retrouver les personnes disparues. Il excelle dans cette catégorie.
L’arrivée des Jeux olympiques bouleverse tout le pays. On élargit les avenues pour faire défiler les athlètes, mais on pourrait aussi y faire défiler les troupes.
Des livres interdits refont surface histoire que les étrangers n’aient pas la mauvaise idée de penser que le gouvernement du führer est une dictature implacable. Bernie observe tout ce qui l’entoure.
Bernie, lui enquête…
La pâle figure
Deuxième roman de la trilogie. Deux ans se sont écoulés depuis l’assassinat de la fille et du gendre d’Hermann Six. Hitler a étendu son pouvoir. L’Allemagne est sous la coupe des nazis.
L’État commence à s’immiscer hors des frontières. La presse assène des articles immondes chaque jour. L’insécurité règne dans les villes.
Bernhard Gunther a réussi à garder une certaine liberté, mais ce n’est que partie remise.
Par un affreux chantage, le général Heydrich et le Reichskriminaldirektor Arthur Nebe le réintègrent dans la police. Il n’a pas le choix, il doit rempiler, mais il y met une condition. Il obtient le grade de Kriminalkommissar.
Juste avant de retrouver son bureau, il est engagé par une femme très riche qui subit le chantage d’individus qui la rançonnent contre des photos qui pourraient envoyer son fils dans un camp de concentration avec le triangle rose cousu sur son uniforme.
Les bons policiers étant, soit morts, soit partis, ils ont été obligés de forcer la main à Bernie pour qu’il rempile.
Une enquête nécessite des compétences qu’il n’y a plus dans la police. Il semble y avoir un tueur en série dans la nature qui sévit en ville. Des jeunes allemandes sont enlevées et retrouvées assassinées.
Il faut un policier méthodique et faisant fonctionner son cerveau.
Les musclés aux troncs cérébraux tous mous ne sont utiles que pour les sous-sols de la SS.
La presse s’en mêle. Des titres délirants laissent entendre que les meurtres sont rituels. Les victimes sont toutes vierges et aryennes. Les soupçons se portent nécessairement sur ceux accusés de tous les maux.
La pression monte. De nombreux accidents se multiplient dans la ville.
Gunther sait qu’il doit arrêter le tueur s’il ne veut pas que l’enfer se déclenche.
La nuit de cristal est un pogrom qui se déclencha sur tout le territoire du IIIe Reich dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.
Plusieurs centaines de Juifs furent tués ou se suicidèrent.
La population incendia 177 synagogues et détruisit environ 7 500 magasins et entreprises juives.
Cette nuit fut ordonnée par Adolf Hitler, organisée par Joseph Goebbles et commis par des membres de la SA, de la jeunesse hitlérienne, de la Gestapo et des membres de la police.
Ce fut le point culminant de la vague antisémite qui submergea l’Allemagne.
Un requiem allemand
1947, neuf ans sont passés depuis la nuit de cristal. La guerre est finie. L’Allemagne a perdu. Le monde a découvert l’immonde.
Les Russes et les Américains dirigent Berlin. Ils font subir le pire à la population. C’est le chaos total où les trafics en tout genre fleurissent.
Les prémices de la guerre froide commencent à apparaître.
On retrouve un Bernhard Gunther plus fatigué, plus cassé, plus dur aussi.
La guerre l’a usé. En restant dans la police berlinoise, il a récupéré d’office un grade dans la SS.
Scandalisé par ce qui se passait dans la police, il a demandé et obtenu son transfert sur le front russe. Il a été blessé puis emprisonné plusieurs années dans les camps.
Il réussit à s’échapper par miracle et retourne à Berlin. La ville est un champ de ruines. Les piles des murs s’effondrent chaque jour et tuent. Les montagnes de gravois font des morts tous les jours.
L’odeur de putréfaction monte dès que le soleil chauffe l’atmosphère.
La tension entre les forces occupantes est de plus en plus prégnante. La guerre sans nom étouffe le pays.
Bernie reprend son activité de détective privé. Avec, il arrive à trouver de quoi manger pour sa femme et lui quoiqu’elle y arrive presque mieux que lui.
Il découvre avec tristesse qu’elle s’arrange de la plus vieille des manières comme la plupart des femmes de l’époque : elle vend son corps.
Son couple bat de l’aile. Bernie a besoin de s’aérer la tête.
Une enquête va lui permettre de changer d’air.
Un général russe, ami de Becker, est persuadé de son innocence. En effet, celui-ci est accusé de meurtre et risque la potence.
Par le biais du général, Becker embauche Gunther. Il se souvient des qualités d’enquêteur de Bernie.
Ils sont anciens collègues, pas amis. De plus, certains des proches de Becker ont tenté de le sortir de là et ont brusquement disparu.
Bernie part pour Vienne, en Autriche. Il se retrouve avec un toit sur la tête et à manger tous les jours. La ville et le pays tentent de glisser sous le tapis toutes ses implications avec le IIIe Reich.
Très vite, Bernie se trouve embarqué dans une affaire d’espionnage où américains et russes se livrent une guerre silencieuse.
Qui plus est, l’affaire se trouve au beau milieu de plusieurs services qui tentent de récupérer les renseignements.
Malgré tout, l’enquêteur s’enfonce profondément dans une histoire complexe.
Le pays est en pleine reconstruction sans compter celles et ceux qui veulent se faire oublier quitte à tuer pour cela.
Avis du traqueur :
Un EEEENNOOORRRMMMMMEEEE Coup de cœur du traqueur qui reconstitue avec brio un pays et une époque.
L’auteur a un style et une plume qui lui permet de jouer l’équilibriste entre le réel et la fiction. On rencontre des hauts personnages d’États et nous assistons à des rencontres et des faits actés et avérés.
On découvre, par la même occasion, un pays qui vit une répression atroce.
Nous entrons dans une époque comme si nous y étions. Avec une logique implacable, on assiste à la montée en puissance du régime nazi et du IIIe Reich.
Nous nous retrouvons en Allemagne plusieurs années avant la Deuxième Guerre mondiale.
À travers des histoires parfaitement construites et structurées, nous observons un pays qui se transforme.
Des idées qui se répandent, mais surtout, on découvre comment certains hommes arrivent à manipuler un pays entier.
Il est toujours facile de dire ou d’écrire :« Moi, je serais devenu espion ou résistant » mais quand un homme pose le canon de son arme sur la tempe de votre enfant la réalité est plus frappante.
Philip Kerr arrive à redonner vie à cette période.
Avec les yeux de Bernhard Gunther, nous regardons un homme voir son pays s’effondrer sans que rien ni personne ne l’en empêche.
On voit aussi qu’aucun pays ne vient en aide à l’Allemagne qui est en train de se faire gangrener par le national-socialisme.
L’antisémitisme se répand dans tout le pays sans que personne n’ose résister. Le pays vit dans la terreur pendant que certains hauts fonctionnaires et industriels organisent la future guerre et l’extermination.
Une reconstitution historique incroyable. Trois histoires construites comme des puzzles qui nous permettent d’être témoins de faits historiques.
C’est aussi une réflexion sur un monde et sur ce que nous sommes et serons.
Trois romans qui secouent et nous obligent à observer, nous aussi, ce qui nous entoure. Ne jamais se taire, ne jamais oublier et surtout ne jamais laisser les monstres revenir.
Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur
La trilogie berlinoise de Philip Kerr Édition Livre de Poche
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