Du poison dans la tête de Jacques Saussey
Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur
Alors qu’il neige, Myriam, une jeune femme, a retiré son manteau.
Elle semble absente, son corps comme vidé de toute substance vitale.
Elle poursuit sa route en laissant défiler dans sa tête le fil des moments merveilleux qu’elle a passé avec lui jusqu’aux tout derniers moments passé ensemble.
Elle sent encore le goût de ses lèvres sur les siennes, chaque atome de son corps vibre de lui.
Elle bouillonne encore de la sensation de ses doigts qui couraient sur sa peau.
Cette sensation folle, au plus profond d’elle. Cette déferlante de plaisir qui la faisait se sentir femme.
Et puis, il y a eu ce dernier regard.
L’ultime instant où il retenait sa main une dernière fois pour lui faire ses adieux.
Vampirisée, privée de toute volonté, elle a marché vers cette délivrance afin que cette douleur s’arrête.
Un corps qui hurle de douleur et qui ne lui appartient déjà plus.
Elle passe les réverbères les uns après les autres.
Leurs ampoules éclairent d’une lumière irréelle la route grisée par la neige.
Cette luminescence qui recouvre le bitume d’un halo étrange presque irréel.
Une femme la voit s’approcher du parapet sans vraiment comprendre ce qui arrive.
Myriam atteint la dernière barrière qui sépare le pont du fleuve.
La femme finit par comprendre ce qui se déroule devant ses yeux.
Elle se met à hurler et se précipite vers Myriam dans une dernière une tentative désespérée.
Il est déjà trop tard.
Complètement nue, enfermée dans sa bulle de douleur, Myriam s’est jeté dans le fleuve pour que cesse la souffrance de la séparation.
Seule solution à ses yeux pour arrêter ce feu qui la consume et la dévore.
Déjà, elle n’est plus, le souvenir s’estompe, elle n’a plus mal.
Pourtant l’homme qui l’a accompagnée dans la voiture a tout vu.
Sourire de satisfaction aux lèvres, il se tient prêt pour la prochaine.
Tout est déjà composé, telle une symphonie. Une planification parfaite pour dépouiller sa prochaine proie.
Il va tendre sa toile sur sa prochaine victime.
Aspirer jusqu’à la moelle la moindre parcelle de vie sur la prochaine jeune femme.
Il va tout lui prendre, comme les autres, la dépouiller de tout.
Elles sont là et elles n’attendent que lui.
Comme des fruits mûrs, gorgées de vie, prêtes à être cueillies.
Il s’en nourrit, puis, les jette dans l’abîme de l’oubli, mais, avant, il les dépouille de tout ce qu’elles ont.
Il est devenu un expert en la matière. Rien ni personne ne va pouvoir l’arrêter.
Les rares, qui ont des soupçons, ne l’ont jamais vu.
Certains enragent car il n’a laissé aucune trace, aucune photographie, comme un spectre, il avance sans laisser de trace.
Il contrôle tout du début à la fin et efface chacune de ses empreintes.
Enfin, c’est ce qu’il pense.
Myriam n’était pas seule, quelqu’un est déjà sur sa trace.
Elle était la fille de quelqu’un, mais surtout la sœur de quelqu’un. Ludo en l’occurrence.
Avec l’aide d’un de ses collègues, Fred, ils commencent à chercher.
Ils font partis de la crème des flics. Ils travaillent au Bastion et ont Magne comme supérieur.
Quand ils lui expliquent ce qu’ils ont déjà trouvé, Magne donne son accord pour aller mener une enquête.
Le prédateur, déjà sur sa nouvelle proie, ne se doute de rien.
Seulement, le temps passe vite. La victime est déjà ferrée.
Ce son côté, Magne est au Bastion. Il vient de recevoir un paquet. Cela vient d’un notaire.
Il l’ouvre et découvre que le notaire respecte les dernières volontés de son client, Thierry Buisson.
« …. À l’intérieur plusieurs objets hétéroclites. Des stylos usagés, une règle à moitié cassée, une gomme, des crayons, un compas…. Deux enveloppes. »
Dans la première, un sachet qui contient une mèche de cheveux blonds, presque roux. Un nom et une date sur l’emballage.
Fanny. Septembre 1975
Ces quelques mots le font chanceler.
Trois jours avant la reprise des cours de septembre 1975, Fanny avait disparu.
En retournant chez elle à vélo après un rendez-vous avec un professeur, pffuuiitt !
Le lendemain, un promeneur l’avait découverte dans un bois à dix kilomètres de son domicile.
Son corps avait été complètement brûlé.
La police n’avait rien.
Celui ou celle qui lui avait ôté la vie n’a jamais été retrouvé.
Aucune piste et aucune preuve trouvée autour du corps. La science criminelle en 1975 n’avait pas les moyens d’aujourd’hui.
Tout lui revient, le moindre mot, la moindre promesse et cette douleur intense qui lui écrasait la poitrine qui revient, toujours aussi vive et violente.
Une blessure qui n’a jamais été refermée.
Pourquoi Thierry Buisson lui a-t-il fait parvenir tout cela après toutes ces années ?
Complètement sonné, Magne tarde à entendre ses collègues pour la réunion quotidienne.
Avis du traqueur :
Depuis un certain nombre d’années, Jacques Saussey est devenu un auteur important dans l’univers du thriller.
Avec des livres engagés comme Enfermé.e, dans lequel il dénonçait les difficultés colossales rencontrées par des personnes transgenres dans notre société, il a su imposer un style, une voie et des personnages forts.
Dans ce thriller, Saussey a décidé de se révolter envers la violence faite aux femmes et à l’absence de vraies réponses que notre société propose aujourd’hui.
Dès le début du livre, il donne les chiffres officiels 2019 du nombre de crimes et délits commis envers et contre les femmes.
Ces chiffres sont colossaux.
On se demande pourquoi les chiffres ne diminuent pas d’une année sur l’autre.
Chaque année, ils augmentent.
Dans un monde où les statistiques sont devenues une preuve matérielle et une façon de juger de tous, notre pays, qui donne des leçons à tout le monde, devrait se réveiller.
Dans ce thriller Coup de cœur du traqueur, l’auteur construit intelligemment un roman avec plusieurs histoires qui permettent d’avoir plusieurs angles de vue.
Plusieurs enquêtes et donc plusieurs types de crimes.
Il y a ceux que l’on connaît, mais il y a aussi des crimes qui sont moins connus.
Ceux-là sont plus pernicieux parce qu’ils utilisent l’évolution technologique.
Il y a cette jeune femme qui se suicide après avoir été victime d’un prédateur par le biais des réseaux sociaux.
On découvre la manière d’agir d’un nouveau type de criminel et comment il s’y prend pour isoler sa proie de ses proches.
Et puis, il y a Magne et son passé.
Une affaire classée, non résolue, qui le touche de près et va l’obliger à sortir du cadre.
J’ai aussi retrouvé avec beaucoup de plaisir le couple Magne et Heslin.
J’aime leurs différences et leur agilité, leur colère et leur tendresse.
Avec Oscar, qu’ils ont adopté, ils forment une famille. Quand son fils est victime de harcèlement, la mère monte au charbon.
Un coup de gueule de Jacques Saussey qui résonne et tonne.
Un thriller prenant pour des retrouvailles avec un couple de flics toujours aussi attachants et redoutables.
Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur
Du poison dans la tête de Jacques Saussey Éditions French Pulp
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coucou