D-DAY, un jour noir de Yves Corver
Caporal dans l’unité noire le 320° bataillon de ballons de barrage antiaérien, Firmin Bellegarde est fier d’arborer son uniforme et fier de participer à cette guerre.
Il sait aussi qu’il devra être irréprochable quitte à se mordre la langue face aux abus de sa hiérarchie. Les MP viennent souvent des États du Sud.Cette aventure est aussi une chance de faire avancer les choses en participant à un événement sans précédent.
Pour affronter les plages du débarquement, le jeune homme de la Nouvelle-Orléans va devoir subir un entraînement poussé et apprendre à se servir de choses qu’il ne connaît pas.
Ces ballons semblent monumentaux, tout ce qui l’entoure est titanesque. La technique inventée pour l’événement et déployée ainsi que la logistique mise en place pour l’événement est colossale.
Dans son cahier qui ne le quitte jamais et qu’il protège de l’eau, il écrit. Chaque jour, il couche ses impressions et son ressenti.
Les heures passent et le jour J approche à grands pas. La peur lui tord le ventre, les tensions au sein de l’armée sont légions. La ségrégation est toujours prégnante.
Pendant son entraînement et les différentes missions que ses supérieurs lui assignent, il va faire des rencontres qui vont bouleverser sa vie à jamais.
Au Royaume-Uni, il découvre un pays qui ne pratique pas la ségrégation. Il est hébergé chez l’habitant et est frappé par leur générosité. Ils le traitent comment leur propre fils.
Firmin vit avec la ségrégation depuis qu’il est né. Il découvre un pays où il n’est pas rejeté, c’est donc possible.
Chaque jour apporte de nouveaux défis pendant que l’armée se prépare pour un événement qui va bouleverser le monde à jamais.
Il y a une guerre à gagner, Firmin va devoir se battre et survivre pour avoir une chance de voir les choses évoluer.
Le 6 juin 1944, son estomac est tordu par la peur, mais comme des milliers d’autres, il se jette dans l’eau glaciale pour rejoindre les plages normandes d’Omaha et d’Utah.
Deux mille GI noirs participent à l’opération et pourtant, personne n’en parle dans les livres d’histoire ou dans les films.
À travers Firmin et ses camarades, ceci est leur histoire.
Avis du traqueur :
Définition Larousse de la ségrégation :
Processus par lequel une distance sociale est imposée à un groupe du fait de sa race, de son sexe, de sa position sociale ou de sa religion, par rapport aux autres groupes d’une collectivité.
Avec ce roman, l’auteur rend un hommage à des milliers d’hommes qui se sont jetés contre les balles alors que leur propre pays les traitait comme des citoyens de seconde zone.
Il permet à une personne lambda comme moi d’aborder un sujet que je ne maîtrise pas. Comme tout le monde, je suis allé à l’école et j’ai appris ce que les livres donnent. J’ai lu certains livres, aussi, et vu certains films.
Dans ce roman, vous allez sentir la ségrégation de la plus grande démocratie au monde.
Avec une somme de recherche absolument colossale, l’auteur nous décrit la préparation du débarquement de l’intérieur vu par un jeune homme noir de 19 ans plein d’espoir tout en étant très réfléchi.
Firmin sait que les choses ne peuvent pas changer du jour au lendemain. Haine et mépris ne peuvent pas se gommer par une signature. Les mentalités ont du mal à changer, mais tout doucement, elles évoluent.
« Un mensonge répété dix fois reste un mensonge, mais si vous le répétez dix mille fois, il devient une vérité »
Je connaissais la citation et j’ai cherché sur Internet pour être vraiment sûr de l’origine. Les différents liens ne sont pas toujours clairs. Il semble que ces mots viennent du chef de la propagande nazie, Joseph Goebbels, mais je ne suis pas sûr. Malgré tout, j’en comprends l’idée.
D’ailleurs, on voit des milliers d’exemples à travers les époques et le monde. Des propagandes, avec des photos ou des dessins chocs, des propos outranciers et des génocides pratiqués dans un silence de cathédrale.
Si vous assénez à vos enfants dès leur naissance une idéologie et que vous la répétez tous les jours, tout au long de leur vie, ils feront de même avec leurs propres enfants.
Qui plus est, si vous vivez dans un environnement qui dit et pense de la même manière, sur plusieurs générations, cela devient aussi naturel que de respirer.
Si vous êtes né dans ce microcosme, en sortir est difficile, pas impossible, mais difficile.
Il m’est tout simplement impossible d’imaginer la vie d’un homme dans une société comme cela.
Avec ce roman et toutes les recherches qu’il a faites, Yves Corver nous plonge dans une guerre que l’on a mise sous le tapis.
C’est l’histoire de milliers d’hommes qui, même en train de se battre pour libérer le monde, ont été brimés et oubliés de l’histoire.
En suivant Firmin et le 320° bataillon de ballons de barrage antiaérien, on suit toute la préparation du débarquement jusqu’au moment où il se jette à l’eau.
On est au plus proche des soldats qui entrent dans les terres et rencontrent les populations. Les hommes découvrent avec étonnement des pays où ils ne sont pas mis de côté. C’est donc possible !
Un roman très bien documenté qui apporte un éclairage différent et permet de voir ce que certains préfèrent oublier.
J’ai tout de même des réserves sur le style. Les romans historiques permettent d’apprendre et de se plonger dans des moments incroyables. Pour cela, la documentation est vitale pour ne pas faire d’erreurs historiques. Malgré tout, il faut que le lecteur adhère au projet pour matcher.
L’auteur s’est très bien documenté, mais dans son envie de nous rapporter des faits avérés, il ralentit le flux narratif et oublie un peu de construire des histoires autour de ses personnages.
Mettre plusieurs histoires dans l’histoire est vital pour dévorer un roman historique. Qu’importe le nombre de pages, si l’addiction est là.
Souvent, l’auteur s’arrête sur des faits historiques pour bien nous montrer le niveau de ségrégation dans l’armée. J’aurais aimé qu’il enrobe ces faits dans une histoire plus romancée.
Firmin Bellegarde est la figure de proue de ce roman. C’est à travers lui que nous assistons à tout ce qui arrive. C’est aussi avec lui que nous découvrons ce qu’est la ségrégation.
J’aurais préféré peut-être moins d’informations frontales et plus d’histoires avec Firmin et son équipe quitte à en inventer. L’avantage du modèle narratif de roman est que l’on peut se permettre certaines digressions tout en restant carré sur l’histoire.
Le roman hésite un peu entre le docu-fiction et le roman historique.
Malgré mes réserves, je conseille ce roman pour toutes celles et ceux qui aiment redécouvrir notre passé.
Je ne pensais pas que le niveau de ségrégation était à un tel niveau. Probablement mon côté naïf. J’ai appris mes leçons (enfin moi pas trop). Malgré tout, je connais certains personnages iconiques américains qui ont permis de faire abroger la ségrégation.
Je conseille le film Mississippi burning. Il est sorti en 1988 et est réalisé par Alan Parker. Les acteurs principaux sont Gene Hackman et Willem Dafoe. Le film est percutant et incroyablement réaliste. L’histoire : en 1964, trois hommes, membres d’un comité de défense des droits civiques, disparaissent à Jessup County, comté fictif, inspiré du lieu où les faits se sont réellement produits, dans l’État du Mississippi, ne laissant aucune trace. Alan Ward et Rupert Anderson, des agents du FBI, sont chargés d’éclaircir cette affaire. Très différents dans leur approche, ils vont devoir travailler différemment pour trouver les coupables.
Pour ceux qui aiment les films historiques, Glory, sorti en 1989 réalisé par Edward Zwick sur le 54° régiment du Massachusetts, pendant la guerre de Sécession. Ce fut le premier régiment constitué uniquement d’enrôlés afro-américains dans un État du Nord. Les acteurs principaux étaient Matthew Broderick (connu pour son film iconique La folle journée de Ferris Bueller) Denzel Washington, Cary Elwes, Morgan Freeman ou encore Andre Braugher.
D-DAY, un jour noir de Yves Corver Éditions LBS
Pour vous procurer ce livre:https://amzn.to/2ZtdKed