L’heure des chiens de Thomas Fecchio
Un week-end sombre et humide, la ville de Soissons se réveille en bataille.
En pleine nuit, les tombes musulmanes, dédiées aux soldats de 14-18 sont profanées de manière abjecte.
Le cimetière est un chaos indescriptible.
Toute la population de la ville est en émoi.
De tels événements ne sont jamais arrivés dans cette région.
C’est une ville profondément marquée par son histoire.
Chacun vit avec et respecte le passé.
Pourtant, depuis quelque temps, des personnages odieux véhiculent des mouvements de haine et de violence.
Comme toujours, la peur et l’ignorance ouvrent les portes de l’outrance et des manipulateurs.
De l’autre côté de la ville, Julia, en convalescence à la suite d’un accident dramatique, se refait une santé.
Elle se promène dans la forêt proche de l’hôpital qu’elle a quittée plus tôt.
Tout en laissant ses pensées vagabondes la guider, elle laisse la nature envahir ses sens.
Elle sort de sa rêverie par le clapotement d’un objet tombant dans l’eau plouf !
En s’approchant les berges de l’Aisne, elle tombe nez à doigts avec une main découpée burk !
Le choc est rude !
L’adjudant Gomulka, est appelé par son équipe.
C’est un vieux de la vieille, quand il débarque quelque part, on le remarque.
Gendarme pur sucre, il est salement désabusé.
Le cimetière saccagé et souillé et cette main tranchée, jamais encore, Gomulka n’a jamais été confronté à ça.
Sans en avoir l’air, il se dit que la main doit appartenir à un corps.
Si la main, était sur la berge, le plouf entendu par le témoin devrait correspondre à autre chose.
Aller hop, des plongeurs pour voir ce qui est tombé au fond, sait-on jamais, des fois que !
Pour le cimetière, il a sa mouche qui a des oreilles qui traînent partout.
Et ces affreux, il les connaît.
Malgré des mouvements d’humeur intempestifs, son supérieur lui confie les deux enquêtes, mais avec un peu d’aide.
Le lieutenant Delahaye, surnommé « la Machine », est dépêché dans sa ville pour lui prêter main-forte.
Gomulka lui souhaite la bienvenue, enfin à sa façon.
Il a tendance à être un peu grognon en ce moment.
En même temps, sa vie est en plein désordre. Il déteste le désordre.
Il veut retrouver l’ordre qui lui permet de vivre sa vie.
Delahaye se rend vite compte que Gomulka est un excellent enquêteur.
Leurs méthodes de travail différentes, mais ils sont efficaces et pensent vite.
Gomulka connaît sa ville et ceux qui y vivent.
Delahaye, lui, est un rouleau compresseur.
Un monstre de travail, qui n’arrête jamais, aucune pose aucun repos.
Mais, lui aussi a un petit secret.
Dans une ville pleine d’histoire, le terrain perforé et déformé par le premier conflit mondial, les deux enquêteurs vont devoir démêler des crimes complexes.
Les histoires pourtant très différentes semblent avoir des liens qui les rapprochent.
Avis du traqueur :
D’abord un grand merci à Thomas Fecchio pour sa confiance.
C’est son deuxième roman et il a eu la gentillesse de me l’envoyer tout comme son premier.
Son premier roman, Je suis innocent, m’avait marqué par son efficacité et sa noirceur.
Son deuxième roman est très bien aussi, bien que très différent.
Il y ajouté les codes d’une enquête de gendarmerie.
Mis à part quelques stéréotypes de certains personnages, j’ai trouvé la narration très prenante.
Les histoires mises en place sont bien trouvées et bien racontées.
Son style s’affine. Sa plume est plus travaillée, plus affûtée.
Il aime associer la noirceur des crimes et des personnages atypiques qui mélangent le respect des lois et des accès de férocité.
Des individus attachants et quelques scènes permettent au lecteur de s’immerger dans l’histoire.
Mon seul bémol tient dans le fait que l’auteur ait un peu cédé aux sirènes de la mode.
J’en ai parlé précédemment, une construction des enquêtes très bien faite.
On découvre des indices pour comprendre la teneur de ce qui arrive.
Cela nous permet de mieux découvrir les différents protagonistes.
Tout le long, on suit ces deux enquêtes et on sent les enquêteurs chercher tout ce qui pourrait les aider à avancer et à comprendre.
Le petit indice en plus qui permet de trouver la dernière pièce du puzzle.
J’aurais aimé que l’auteur l’intègre autrement.
J’ai beaucoup aimé le twist concernant Julia et sa profession.
Il est rare que ce type de métier soit mis en avant dans un roman de type polar.
L’auteur lève le voile sur des pratiques peu connues et qui pourtant existent.
L’auteur a dû se creuser la tête pour sortir cette idée et la mettre en place dans une histoire parfaitement construite.
Ce passage m’a particulièrement marqué.
Un roman rugueux, des personnages étonnants et une histoire sanglante et marquante sur de nombreux points.
Un polar noir plein de jus et de colère qui ne laisse pas indifférent.
Un roman à dévorer comme des chouquettes.
L’heure des chiens de Thomas Fecchio Edition Seuil Cadre noir
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