Cataractes de Sonja Delzongle
Coup de ♥♥♥♥♥ du Traqueur
Jan Kosta est l’un des rares survivants de Zavoï.
Il y a quarante ans, le petit village des Balkans a été englouti par un glissement de terrain qui a entraîné une gigantesque coulée de boue qui a tout recouvert sur son passage.
Les rues, les maisons, les arbres et quasiment tous les habitants ont été digérés par la vallée.
C’est son chien, Hasta, qui a sorti Jan de ce mélange d’eau, de boue et de corps qui était en train de l’avaler. C’est encore son chien qui lui tenu chaud et qui l’a rassuré jusqu’à l’arrivée des secours.
Jan n’a que trois ans quand la catastrophe se produit. Quarante ans plus tard, bien à l’abri dans un bâtiment en dur à Dubaï, le cauchemar vient le hanter presque chaque nuit et le recouvrir de sa gangue boueuse.
Une sensation qui l’étouffe en lui remplissant la bouche de boue. Il sent les odeurs de la vallée et entend le bruit des éléments qui dévalent et qui emportent tout y compris les derniers mots de sa mère.
Un dernier regard vers les limbes son sommeil et le revoilà à Dubaï. Il est marié, a quarante-trois ans et a un enfant.
Aussitôt sorti de son cauchemar, il se précipite dans la chambre de sa petite fille et la regarde respirer. Son cœur résonne dans sa poitrine quand il voit son petit corps respirer calment.
Elle s’appelle Fjona et elle est son soleil.
Il est devenu hydrogéologue pour empêcher à tout prix qu’une autre catastrophe telle que Zavoï ne se reproduise jamais.
Ce soir-là, Jan reçoit un appel de Vladimir Krustic.
Vladimir est un ami d’étude qui est resté au pays et qui a vécu cette terrible guerre. Jan a préféré partir et tout quitter pour se reconstruire.
Vladimir est aussi ingénieur en chef à la centrale hydroélectrique qui a été construite trois ans plus tôt, à l’endroit où Zavoï a été engloutie par l’eau de la Viso. Il surveille la structure du barrage et depuis quelque temps, il y trouve des fissures anormales.
Le bâtiment est neuf, quelque chose ne tourne pas rond.
Tout le monde devient nerveux.
Toute la vallée est alimentée en électricité par ce barrage sans compter le nombre d’employés de la région qui y travaillent.
Le barrage est le poumon de la région. Il allume les lumières et remplit les assiettes.
À l’extérieur aussi, il se passe des choses dans les montagnes. Des gens ont des comportements agressifs. C’est aussi le cas du personnel du barrage qui dégoupille un peu.
Vladimir pense à des écolos, un peu extrémistes, qui viendraient de l’extérieur prêt à tout pour faire fermer le barrage ? Peut-être les mêmes qui étaient contre la construction du barrage. Seraient-ils capables de tuer ?
Le monastère de Temska que s’est vidé de ses prêtres du jour au lendemain sans qu’une enquête sérieuse ne soit menée à bien. Il a été transformé en asile psychiatrique.
Les responsables de l’asile ont pris possession du bâtiment religieux sans que personne n’y voit d’inconvénient.
Et puis, il a des rumeurs qui descendent des montagnes. Des créatures humaines qui se comporteraient comme des animaux.
Jan doit partir dans les montages et trouver les différentes sources d’eau qui peuvent avoir déclenché des réactions anormales. Il doit arpenter la montagne, la sentir pour tenter de comprendre ce qui déclenche tous ces problèmes.
Toujours partir du commencement.
Avant tout, la source mère, l’eau de source.
Celle qui abreuve la faune et la flore, mais aussi toute la population du coin.
C’est aussi une manière pour lui de renouer avec sa région natale, ses racines profondes.
Pour son excursion, il est accompagné d’une journaliste, Marija.
Un vilain coup de Vladimir. Elle n’a pas sa langue dans la poche et a tendance à parler beaucoup.
Les souvenirs des journalistes de Jan datent de la guerre Serbo-croate.
Il ne les aime pas. Malgré tout, elle le surprend par ses connaissances du pays, de sa région, sa résistance à la montagne et sa répartie.
De son côté, Vladimir tente de calmer les employés du barrage et engage une équipe de sécurité.
Quelque chose arrive, la police commence à chercher. Des hommes tuent.
Vladimir se met à chercher du côté du monastère.
Il veut comprendre pourquoi les moines ont disparu de leur lieu de culte. Son enquête le plonge dans le passé.
Une époque où les Serbes et les Croates se sont livrés à une terrible guerre.
Avis du traqueur :
Un vrai roman coup de cœur pour un auteur que j’apprécie beaucoup. J’ai adoré Dust, j’ai adoré Récidive, mais je n’ai pas accroché sur Boréal.
Là, j’ai été conquis sur les trente premières pages. Ce jeune enfant emporté par les flots et sauvé in extremis par son chien. L’auteur arrive à nous faire vivre ces moments de manière incroyable.
Arrive le moment polar, un barrage fragile, des risques colossaux pour la population. Plusieurs pistes à suivre pour trouver qui est responsable de quoi.
Un homme doit parcourir la montagne pour trouver ce qui cloche. Par la même occasion, c’est aussi une manière qu’il a de retrouver la terre où il a grandi.
Après la catastrophe de Zavoï, il a suivi sa vie de petit garçon.
Les Balkans sont des régions splendides et pleines d’histoires.
Sonja Delzongle est intelligente, elle nous construit une histoire en nous apportant des renseignements sur le passé de Jan et de Vladimir.
Elle développe les individus et l’histoire du roman en même temps.
Au fil des pages, on fait des allers et retours avec le passé.
Le retour aux sources pour Jan nous fait rencontrer des personnes qui ont fait parti de sa vie et qui sont resté eux aussi dans les montagnes.
L’auteur nous transporte dans des grottes splendides et des crevasses tranchantes comme des rasoirs et glissantes.
Elle passe d’un personnage à un autre, en glissant discrètement des informations qui construisent le roman.
Elle nous manipule du début à la fin, on ne voit rien venir.
L’auteur construit ses personnages en nous racontant un pays et son évolution à travers l’histoire, sa culture et tout ce qui nous entoure.
Elle mêle des faits avérés avec des faits inventés, mais terriblement réalistes. On se laisse embarquer dans une histoire sans se douter un instant de la fin qu’elle a imaginée.
Une enquête addictive, un rythme puissant qui nous fait tourner les pages de plus en plus vite. Des situations pleines de tensions et des paysages racontés de manière superbe.
Des chapitres qui mélangent l’émotion, la tension et des twists qui secouent.
Merci Sonja.
Coup de ♥♥♥♥♥ du Traqueur
Cataractes de Sonja Delzongle Éditions Denoël et Éditions Folio
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