City of windows de Robert Popi
Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur
Pendant que la population de New-York se recroqueville sous les assauts d’une grosse tempête de neige, certains affrontent les éléments d’une nature capricieuse.
L’agent du FBI, Hartke roule dans sa voiture. Soudain, une brume éclabousse tout l’habitacle.
Le tir, situé à plusieurs centaines de mètres, vient des immeubles.
Son crâne vient d’exploser sous l’impact d’un projectile à haute vélocité.
Un sniper d’élite flingue dans New-York et personne ne voit rien.
Le froid paralyse les sens.
Derrière les volants des voitures, le blizzard brouille tout. Les sens sont émoussés par le froid.
« La plus grosse vague de froid depuis un siècle »
Quand l’équipe scientifique est dépêchée sur place, personne n’arrive à prendre les relevés nécessaires pour l’ange de tir.
Pire, personne ne comprend la scène de crime.
Plus de tête, pas de plaie, pas d’angle, impossible de trouver l’endroit d’où le tireur s’est placé.
Cette balle qui a épinglé une civile à un lampadaire et fait sauter la tête de l’agent du FBI semble inconnue de la balistique.
Brett Kehoe, est chargé de superviser le bureau de New-York.
Il regarde autour de lui en respirant un grand coup.
Il devine rapidement que personne n’y comprend rien et que la mort d’un agent et d’une civile va faire du bruit.
Sur ce coup-là, il va avoir besoin d’aide et pas des moindre.
Il part à la recherche « d’une baguette magique »
Faut-il encore qu’elle accepte et ce n’est pas gagné.
Lucas Page vit sa vie d’enseignant de haute voltige.
C’est un Asperger de haut niveau.
Il est professeur d’astrophysique et est adoré par ses élèves.
Son air caustique et désabusé sur le pékin moyen ravi ou agace, c’est selon.
C’est surtout un homme reconstruit au sens propre et figuré.
Dix ans, plus tôt, alors qu’il travaillait avec le FBI, il a explosé dans tous les sens.
Entre la vie et la mort, le corps en charpie, il s’est accroché.
Une prothèse de jambe, un bras articulé et un œil de verre, il lui manque juste le perroquet !
C’est Robocop sans les flingues !
Après le drame passé, il a choisi de quitter le FBI.
Alors qu’il croyait cela impossible, au côté d’Erin, sa compagne, il est devenu père.
Ensemble, ils ont construit une grande famille avec des enfants tout cabossés, qu’ils ont accueilli, protégé et adopté.
Ce qu’il n’aurait jamais cru possible est devenu réalité.
Alors, quand Brett Kehoe pointe le bout de son nez, Erin est remontée comme une pendule.
Elle sait à quel point l’équilibre est fragile.
Maman ours pointe ses griffes.
Il leur a fallu beaucoup de temps pour gagner la confiance des enfants.
C’est n’est que très récemment que les enfants ont réussi à se sentir à l’abri.
Son ancien patron, Brett Kehoe, vient demander de l’aide de Lucas.
Reprendre le turbin avec le FBI pourrait tout faire voler en éclats et briser leur équilibre.
Seulement, Lucas Page est ce qu’il est.
Pendant les cours qu’il donne, ses compétences sont à peine en veille.
Son intellect ne se met pas vraiment en route.
Une partie de son cerveau ne démarre que lorsqu’il pratique une enquête. Il se sait !
Dès qu’il arrive sur une scène de crime, tout ce qui l’entoure disparaît.
La partie dormante de son cerveau s’éveille, comme des nuages qui s’évaporent pour faire place à un ciel bleu azur.
Pour lui, cela se représente par des angles, des trajectoires, la vitesse des vents, des diagrammes, des lignes de perspective qui s’illuminent comme un sapin de Noël.
Ces neurotransmetteurs s’accélèrent et ses synapses s’activent pendant qu‘un autre monde n’apparaît que pour lui.
Il est le seul à voir et ce qu’il ressent à ce moment-là est juste indescriptible.
Bien que les années soient passées, son talent est resté intact.
« Whitaker, dites à Kehoe que je sais d’où le coup est parti »
Le duo est génial et permet des dialogues survoltés et qui tiennent en haleine tout le long de l’histoire.
Elle, son truc, c’est deviner les questions que vous allez poser.
« Pratique pour les interrogatoires » mais flippant quand on la rencontre.
D’autres meurtres et rien qui ne les relient à part le mode opératoire.
Un tueur en série qui tire comme à la fête foraine.
Il dégomme encore et encore…
Très vite, Lucas voit où le tireur se place et devine comment il ajuste ses proies.
À plus de deux cents mètres de la cible, l’homme est un tireur rare et dangereux.
Les policiers sont nerveux.
Comment arrêter un fantôme capable de vous descendre de n’importe où.
L’avis du traqueur :
Coup de cœur du traqueur et heureuse découverte d’un personnage génial et plein d’avenir.
Avant de développer l’histoire, je vous préciserai ceci.
Lucas Page est ce qu’il est.
On prend ou pas.
Ce n’est pas le premier Asperger monté en épingle dans un roman, une série ou un film.
J’ai aimé cette histoire.
Pleine de rythme, mais c’est avant tout ce personnage qui m’a touché.
Son histoire personnelle avec Erin, sa compagne.
Cette famille reconstituée un peu comme lui qui se dévoile au fil des pages.
C’est un misanthrope qui regarde ce qui l’entoure froidement.
Il y a celles et ceux qui l’acceptent dans son cercle et il y a les autres.
Pour notre bon plaisir, il n’hésite pas à les dégommer.
L’auteur a un regard acéré pour décrire une société américaine capable du meilleur comme du pire.
La rencontre avec Whitaker nous permet aussi de mieux observer les autres protagonistes.
Grover Graves est le bon bourrin de service.
Un de ses anciens collègues. Il est pour lui l’incarnation de la bêtise et du manque d’envie d’apprendre et de comprendre.
Il obéit aux ordres sans penser, sans goût sans saveur.
L’auteur se sert de ce regard pour cramer sans vergogne une Amérique capable de voter pour Obama puis pour Trump.
Une Amérique réactive à des discours enflammés et violents pour au final rester les bras ballants face au barnum qui repart à Mar-a-Lago avec perte et fracas.
Le sens politique, parfois égare un peu l’auteur et prend le pas sur l’enquête.
Malgré tout, ce roman se dévore du début à la fin.
Il nous accroche, tant par sa narration nerveuse et tendue, que par ses personnages qui nous plongent dans un maelström aussi fougueux que brillant.
On entre dans le monde de Page et on reste subjugué par ce monde qu’il nous fait découvrir.
L’histoire est bien construite et se lit d’une traite, mais c’est le personnage que l’on découvre et qui laisse à l’auteur des perspectives incroyables.
Parfois doux, parfois brutal, mais toujours plein de tension et surtout presque magique.
L’auteur a réussi à créer un homme captivant, tout en restant humain.
Il nous attrape par les tripes et nous donne envie de le découvrir dans une autre aventure.
Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur
City of windows de Robert Popi Éditions Les Arènes Collection Equinox
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