De la terre dans la bouche de Estelle Tharreau

Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur

GROSSE IMPRESSION ET VRAIE BONNE SURPRISE.

Le 19 décembre 1986,

Après la mort de sa grand-mère Rose Amiotte, Elsa est devenue propriétaire de plusieurs biens et d’une certaine somme d’argent. L’un des biens est une maison dont Elsa n’a jamais entendue parler.

Elle se situe dans un village perdu dans la montagne.

Le village s’appelle Mont-Éloi et la maison porte un drôle de nom : la braconne.

Jamais sa grand-mère ne lui avait parlé de cette maison et de ce village pourtant, c’est elle qui l’a élevée.

Elsa prend sa voiture au grand dam de sa tante Léontine. Le passé doit rester enterré.

Alors qu’elle pousse la porte de sa nouvelle maison, elle entend un homme jurer comme un charretier en train de réparer l’évier de la maison.

Il s’appelle Frédéric Prévalin et travaille pour la scierie du coin.

Alors qu’Elsa lui explique qui elle est et qu’elle vient d’hériter de la maison, Fred explose de colère. Pour prouver ses dires, elle lui montre les actes notariés.

L’homme la sort manu militari. Il ferme la porte, la laisse sur le perron.

Il se précipite chez son grand-père pour qu’il vienne régler ce problème fissa. Non mais, il a passé son enfance à pêcher autour de La Braconne.

Il est impossible qu’elle ne soit pas à son grand-père. À peine franchit la porte de la maison, il se met à gesticuler en expliquant à Georges, son grand-père, qu’une folle furieuse vient de débarquer à La Braconne et prétend en être la propriétaire.

Une certaine Rose Amiotte serait morte et lui aurait légué cette maison.

À peine le temps de se remettre le cette tragique nouvelle que Georges est embarqué dans le 4 x 4 en direction de la maison.

Dès qu’il aperçoit la jeune femme, Georges est saisi par la ressemblance. Aucun doute, elle est la petite-fille de Rose.

« Laisse-là ! Elle est chez elle ! »

Elsa est frappée par la vision de Georges. Dans les documents laissés par Rose, une photo en noir et blanc d’elle, de Michelle, sa mère, et de l’homme qui vient de valider l’héritage.

Fred est tendu comme un arc. Son grand-père est l’homme qui l’a élevé. Fort comme un roc et droit comme un I, il est sa figure paternelle et l’exemple de l’homme qu’il veut suivre.

En quelques minutes, il l’a vu éclater en sanglots et le priver d’un de ses plus beaux souvenirs d’enfance.

Il file au cadastre pour tenter de comprendre. En gros, toute la parcelle appartient à la scierie, à Georges. À sa grande surprise, il apprend que Louis, l’un des amis de Georges, est propriétaire d’une toute petite parcelle où se trouve la maison de la vieille Jeanne.

La braconne appartient à Rose Amiotte et tout ça depuis 1945.

Elsa tente de comprendre les raisons pour lesquelles Rose a gardé cette maison dans laquelle elle ne vient plus depuis de nombreuses années.

Alors qu’elle tente de découvrir le village, elle apprend par Frank Magnet, le patron du restaurant du coin, que le village a subi un massacre pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les Allemands, en 1944, ont voulu faire un exemple. Ils ont exécuté deux familles de charbonniers qui vivaient à la Chênaie. Ils ont tué tout le monde, hommes, femmes et enfants et les ont jetés dans leurs charbonnières.

Il n’y a eu qu’un survivant Georges. Il existe un musée.

Avant de repartir pour voir Léontine, elle veut passer au musée.

Quand elle regarde les photographies, elle est paralysée par ce qu’elle voit.

Une de ces photographies la fige. Rose, sa grand-mère, est dessus. Le crâne tondu, une foule d’hommes des F.F.L qui l’entoure hurlant et lui crachant dessus.

Cette scène, en noir et blanc, que tout le monde observe depuis des années.

Fred retourne vers le restaurant en se demandant ce qu’il va faire. Il voit Elsa et tente de l’approcher. Il se prend une volée de bois vert. Il laisse passer l’orage et s’excuse de son comportement.

Elsa fait un aller et retour chez sa tante. Elle tente de comprendre ce qui est arrivé pendant la guerre.

Après un échange houleux, Fred et Elsa font équipe. Personne ne veut parler, chacun se replie sur ses souvenirs. Il y a quand même quelqu’un qui laisse des indices.

Une personne dépose des cocottes en papier. Cela permet à Elsa et Fred d’avancer dans le passé pour découvrir des actes enfouis profondément. Le passé est souvent réécrit pour reconstruire un avenir plus reluisant.

Seulement, parfois la vérité sort de la forêt et déclenche une avalanche qui risque de tout emporter sur son passage.

Avis du traqueur :

C’est le premier livre d’Estelle Tharreau que je lis et c’est un vrai coup de cœur.

Une histoire intelligente qui nous permet d’aborder un passé historique peu connu. Des dégâts terribles que la guerre a causés et que l’on a préférés garder sous le boisseau.

Son style est intéressant. Des chapitres courts, une écriture rythmée et fraîche. Elle nous entraîne petit à petit vers des faits avérés. De grosses recherches ont été nécessaires pour construire une telle histoire.

Elsa et Fred sont des personnages qui permettent d’entrer dans l’histoire très facilement.

C’est aussi une manière de montrer que les secrets ne restent jamais complètement enfouis. Tout pourrit et finit par remonter à la surface. Il suffit d’une personne curieuse pour que la vérité éclate.

Estelle Tharreau s’est attaquée à trois sujets profondément tabous.

La collaboration, la résistance et la prostitution.

Des sujets particulièrement difficiles d’accès. D’une part, parce que les anciens n’aiment pas en parler, d’autre part, pour ce qui concerne la résistance et la prostitution.

Les États français et allemand auront du mal à admettre ce qu’ils ont fait ou laissé faire.

Il existe de nombreux exemples de massacres pour lesquels les auteurs n’ont jamais été condamnés bien que l’on connaisse leurs noms et leurs adresses.

Au nom de la guerre et de la paix, beaucoup de crimes n’ont pas été punis ce qui a laissé aux victimes un goût d’injustice dans la gorge.

Je ne connaissais pas le système établi par l’administration concernant la prostitution.

L’auteur arrive à construire une histoire pleine de rebondissements et une fin dingue qui vous prend les tripes. On court avec les personnages au plus près jusqu’à sentir leurs souffles et l’humus de la forêt.

    Une jolie réussite et un Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur

    De la terre dans la bouche de Estelle Tharreau Éditions Taurnada

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