L’Erreur de Susi Fox
Jour 1, aube du samedi,
Sasha ouvre les yeux. Du regard, elle cherche Mark, son mari du regard. Allongée sur son lit d’hôpital, elle tente de rassembler ses idées.
Petit à petit, les souvenirs se mettent en place. Les bruits, le sang, la douleur et surtout la peur.
Elle devait accoucher à l’hôpital Le Royal, un endroit rassurant, avec des chambres chaleureuses et du personnel soignant compétent et attentif.
Là, elle se retrouve dans un hôpital de quartier pas terrible. Rien ne ressemble à ce qu’elle espérait. Avant tout, elle ne voit pas son bébé et encore moins son mari.
Les souvenirs affluent pendant que son cerceau sort de la torpeur de l’anesthésie.
L’accident de voiture, le bébé kangourou et tout ce sang qu‘elle perd.
Elle se rappelle du masque qu’on lui pose sur la bouche et le nez. Elle sent l’odeur du plastique et fixe les yeux de l’anesthésiste. La dernière sensation est ce brouillard cotonneux dans lequel elle est entraînée et qui recouvre sa douleur.
Paniquée, elle presse la sonnette d’appel des infirmières.
Personne ne répond. Elle finit par appeler de sa chambre pour qu’un soignant vienne la voir et lui donne des nouvelles.
Quelqu’un finit par venir. Elle s’appelle Ursula, c’est la sage-femme qui va s’occuper d’elle. Elle semble fatiguée. Elle regarde le dossier médical de Sasha et lui explique ce qui est arrivé.
Elle a fait un hématome rétroplacentaire. Elle était à trente-cinq semaines de grossesse. Il a fallu sortir le bébé en faisant une césarienne d’urgence.
«….votre petit garçon a été envoyé en néonat…..»
Mais l’échographie parlait d’une fille….
De toute façon, Sasha a tellement attendu cet enfant, qu’importe le sexe du moment qu’il se porte bien.
Une fois rassurée sur son état, elle demande à voir son bébé.
Elle tente de joindre Mark, toujours absent. Pendant toute la grossesse, elle a planifié avec lui ces moments. Il doit rester aux côtés de leur enfant jusqu’à ce qu’elle le voie, le touche et le sente.
Elle ne veut pas que le bébé reste seul !
Les points de suture de la césarienne sont douloureux, mais elle veut être accompagnée vers les couveuses. Elle a besoin de poser ses yeux sur celui qu’elle attend depuis huit ans.
C’est un garçon, alors ce sera Toby. Quand elle pose son regard sur lui, c’est un choc.
Viscéralement, elle sait que l’enfant qui se trouve devant elle n’est pas le sien.
Son instinct lui hurle dans la tête. Elle sait !
Qui plus est, il ne ressemble ni à son père ni à sa mère.
Elle en fait part à l’équipe soignante et tente de comprendre ce qui a pu arriver.
L’équipe lui explique que les prématurés sont souvent très différents des bébés arrivés à terme. Qu’ils se développent rapidement. Rien n’y fait, Sasha n’en démord pas.
Cette enfant n’est pas le sien.
Elle a encore en mémoire des cas avérés d’échanges d’enfants qui sont arrivés dans les hôpitaux.
Personne ne la croit. Le personnel devient soupçonneux quand elle se met à inspecter toutes les autres couveuses à la recherche de son enfant.
Son mari et son père suivent l’avis médical. Les difficultés pour avoir son bébé l’ont ébranlée, sans compter qu’elle a un terrain familial encombré d’un point de vue psychologique.
Le verdict tombe, c’est une dépression post-partum. Elle est internée pour sa sécurité et celle de l’enfant.
Sasha a peu de temps. Elle sait qu’il y a eu inversion, elle en est sûre, mais elle doit le prouver.
Elle se retrouve seule contre tous. Dès que l’enfant qui est le sien aura quitté l’hôpital, elle le perdra et ça, elle ne l’envisage même pas.
Elle va devoir se servir de sa tête pour tromper la psychologue qui la suit tout en récupérant son enfant, le temps joue contre elle…
Avis du traqueur :
Un premier roman qui fait froid dans le dos, mais dans lequel j’ai eu du mal à entrer.
Les premières pages sont très addictives, mais une fois passé ces premiers moments, l’auteur se perd un peu.
De nombreux flash-back pour présenter les différents personnages et leurs histoires respectives.
Elle aborde des sujets sensibles qui demandent beaucoup de psychologie et de connaissances des individus.
Pour expliquer le comportement des uns et des autres, elle nous présente Sasha et Mark. Nous apprenons au fur et à mesure leur histoire commune, leur parcours de couple et les difficultés qu’ils vont rencontrer pour devenir parents.
Nous découvrons aussi leur parcours de vie qui lui non plus n’est pas piqué des hannetons.
Certains passages sont vraiment bouleversants.
Le problème tient aussi dans les informations que donne l’auteur.
Il m’est arrivé de me perdre dans les différents allers et retours.
Entre différentes époques et les différents personnages, le flux de nouvelles informations m’a fait m’éloigner du réel. À trop donner, elle casse le rythme de l’instant T qu’elle raconte et qui doit nous tenir en haleine.
La vraie réussite de ce roman tient dans le twist final qui nous impacte comme un train lancé à pleine vitesse.
L’auteur pose de nombreuses questions quant à la filiation et au deuil. Susi Fox lève aussi le voile sur le parcours du combattant d’un couple qui n’arrive pas à avoir un enfant.
Elle décrit parfaitement les difficultés rencontrées. Elle montre avec justesse les incidences sur la psyché de l’homme et de la femme concernés.
On observe les doutes, les craintes et les bleus à l’âme. Cette fin est juste brillante. L’auteur nous donne des sueurs froides.
Déconseillé aux mamans sur le point d’accoucher.
L’Erreur de Susi Fox Éditions Fleuvenoir
Pour vous procurer ce livre: https://amzn.to/2VlyDBL