Pierrot II de Pierre Pastre
Pierrot est un grand gamin tout mince de seize ans qui a souvent le nez en l’air et se laisse entraîner à faire les quatre cents coups.
Il fait toutes les bêtises possibles à Béziers. Il se fait gauler et doit payer le prix fort !
Le juge pour enfants décide pour sa famille et lui. Il faut éloigner l’adolescent de son milieu et l’envoyer travailler en ville.
Cela se passait comme cela dans les familles nombreuses de province. On le nourrit, on l’éduque et dès que l’enfant est en âge de travailler, on lui indique le chemin de la porte pour qu’il la franchisse et se prenne en main. On aime, mais on ne peut pas nourrir tout le monde.
C’est un déchirement pour la mère comme pour l’enfant, mais c’est ainsi.
Sa sœur, récemment mariée à un fils de restaurateur parisien, décide de récupérer ce petit frère turbulent et de lui mettre le pied à l’étrier.
Et voilà que Pierrot du Sud de la France débarque à Paris en 1954. L’année du grand froid, Paris enfermé dans un manteau de glace. C’est aussi l’année de l’appel d’un abbé révolté par la misère humaine qui alerte les gens de la ville. Soudainement, l’aide afflue et beaucoup amènent ce qu’ils peuvent pour aider.
Avec des yeux ouverts comme des soucoupes, Pierrot va découvrir une autre façon de vivre. Il fera des rencontres qui vont changer sa vie.
Il est courageux le Pierrot, il découvre le travail à l’usine. Il y met du cœur à l’ouvrage et découvre le plaisir qu’il a de regarder son travail bien fait. Il remarque la cohésion entre ouvriers, les parties de baby-foot avec les collègues et l’unité qui peut faire basculer les lignes.
Son accent touche tandis que lui trouve l’accent parisien pas chantant du tout.
Pierrot est une éponge. Il aspire tout et se délecte de la moindre histoire, de la moindre image. Il pousse toutes les portes qui l’attirent jusque dans l’atelier d’un peintre. Dès qu’il a les moyens, il s’offre un vélo et se met à parcourir et découvrir Paris, ville lumière, ville puissante. Alors qu’il est si grand,
Pierrot doit lever le nez pour regarder la tour Eiffel qui rejoint le nuage.
Chaque pierre sur laquelle il pose son fond de culotte raconte une histoire. Chaque rue, chaque ruelle a son propre passé. Elle murmure pour qui sait l’entendre.
Il croise de nombreux personnages qui vont lui ouvrir l’esprit. Il noircit des pages puis un jour sort un poème.
La peinture l’atteint comme une flèche. Il aime regarder l’artiste croquer ce qu’il veut dessiner. Il peut passer des heures à observer le pinceau déposer des couleurs sur la toile, créer de la lumière ou des ombres.
L’usine lui permet de manger, mais il s’instruit par les livres et découvre l’art par ceux qui la font.
Pierrot nous raconte sa vie durant les années 1950 1960. On le quitte quand il part pour la guerre d’Algérie, celle de son époque de conscrit.
Avis du traqueur :
Je connais Pierre Pastre depuis au moins quarante ans. Il faisait le tour de France avec sa voiture remplie jusqu’à la gueule de toiles d’artistes qu’il faisait découvrir à ses clients et amis. Mes parents ont eu la chance d’être les deux.
Chaque année, il passait et sortait de sa voiture les tableaux qu’il nous faisait découvrir. Mes parents mettaient la table, on mangeait et riait, puis au dessert, des tableaux pointaient le bout de leur nez.
Je peux dire aujourd’hui, sans aucun doute, qu’il m’a permis de découvrir la peinture en général.
Bien sûr, j’ai étudié « un peu » les impressionnistes, mais c’est surtout à travers ses trouvailles artistiques que j’ai découvert des peintures de mon époque et surtout la manière de regarder un tableau.
Son accent chantant, ses yeux pétillants et sa gouaille ont attiré l’enfant que j’étais et m’ont permis d’aborder l’art d’une manière curieuse et sereine.
À travers ce livre, je découvre un homme plein de surprises et surtout, je veux la suite.
Comment un homme qui arrive à Paris sans une tune en poche arrive, par la force de travail et de ses rencontres, à avoir sa propre galerie rue de Seine.
Bref, j’en veux plus, je veux savoir ce qui a fait que vous vous soyez jeté dans un métier qui ne vous semblait pas destiné. Je sais que vous avez dû travailler comme une mule, mais je veux savoir comment et surtout quels peintres vous ont fait franchir le pas pour les représenter.
Montrez-moi ce parcours plein de vie, de rebondissements et d’évènements.
Je veux tout savoir alors, avec votre plus belle plume plaquée or, pompez l’encre et commettez votre ouvrage.