Délation sur ordonnance de Bernard Prou

Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur

Oreste Bramard est un expert dans l’art de donner un coût aux livres. On fait souvent appel à lui pour chiffrer des bibliothèques privées.

Curieux de nature, il a le nez fin pour dénicher la perle rare, l’édition spéciale.

Il sent les livres.

Il est contacté par la petite fille d’un notable de Pau qui lui demande d’inspecter la gigantesque bibliothèque de son grand-père le Docteur Saint-Marly.

Elle désire s’en séparer.

Alors qu’il farfouille parmi les rayonnages de la bibliothèque, il retire un titre d’une étagère. En l’ouvrant, une feuille de papier glisse du livre et tombe par terre.

La feuille était placée dans une édition originale des « Beaux draps » de Céline.

En ouvrant, la feuille, Oreste découvre un papier à en-tête. C’est une ordonnance.

C’est une lettre de délation écrite le dix-neuf décembre 1942 dénonçant quatre mauvais Français signé du docteur Saint-Marly ancien combattant de 14-18, père de quatre enfants.

Cette lettre aura des conséquences titanesques sur toute la famille et va entraîner une cascade de contrecoups dévastateurs.

Oreste Bramard prévient sa cliente qui tombe des nus.

En cherchant parmi tous les livres de la bibliothèque, ils arrivent tous les deux à reconstituer le fil de toutes les histoires que cette lettre a déroulé.

Saint-Marly a disséminé, dans tous ses ouvrages, des notes et des traces sous diverses formes qui donnent toutes les informations pour celui ou celle qui voudrait se pencher dessus. C’est son héritage.

On se retrouve plongé à Pau pendant la Seconde Guerre mondiale au beau milieu d’un peuple occupé.

La guerre est perdue, la France est pleine de doute, de peur.

Grégoire Saint-Marly et Jeanne, son épouse, ont quatre enfants.

Maurice, Laure, Marie et Charles.

Dans cette lettre, quatre hommes sont dénoncés comme mauvais français : Loiseau, Lepayeur, Friedman et Fortuné.

À travers ces années pleines de drames, de conflits et de haine, il y a ceux qui ont tenté de survivre, ceux qui ont choisi de collaborer et ceux qui se sont battus à la hauteur de leurs possibilités.

Et puis, il y a eu ceux qui ont ménagé la chèvre et le chou, ceux qui ont préféré s’assurer auprès des deux camps et attendre de quel côté pencherait la balance.

Avis du traqueur :

Il est toujours facile de prédire de quel côté nous aurions été, toujours facile de crier notre patriotisme quand la peur que votre porte n’explose sous les assauts des miliciens n’existent plus.

Bernard Prou reconstitue avec précision une époque pleine de bruits et de fureur. Il développe des actions et des rebondissements à foison.

Il mêle des personnages réels et fictifs et arrive à nous faire ressentir physiquement ce qu’ils vont vivre et traverser.

Communistes, résistants, francs-maçons, juifs, collaborateurs ou simples anonymes.

Tout le monde apparaît dans un tableau aussi passionnant que prenant.

Il a réussi à me faire louper deux fois ma station de bus.

À travers la femme de Grégoire Saint-Marly et de ses enfants, on rencontre toutes les strates de la population paloise de l’époque.

On est mis en présence des pires ordures qui soient, qui donnent envie de vomir, mais on rencontre aussi certains qui vont se transcender pour quelque chose de plus grand qu’eux. Une cause en quoi ils croient et qui leur permet de se dépasser.

Les guerres permettent de se révéler. Tout est plus fort, tout est plus rapide.

Certains, transparents, se mettent à rayonner.

Des voyous deviennent des monstres et se retrouvent à la tête du service de la rue Lauriston.

Pour d’autres, cette guerre est un tel choc, qu’ils décident de changer de vie et donnent tout pour la résistance.

Et il y a ces moments rares de lecteurs, ces petites bulles de kiffes, vrai ou faux, mais qu’importe, où une idée d’auteur se révèle géniale.

Une langue sifflée avec ses mots, sa grammaire, son orthographe et ses expressions.

Ces passages sont d’une rare intensité. Un surtout m’a fait monter les larmes aux yeux.

Bernard Prou est un auteur rare qui sait se saisir de l’histoire et nous la raconter à sa manière.

Il l’arrange en mêlant le réel et l’imaginaire, de la tristesse et des bonheurs intenses.

Un roman à découvrir d’urgence.

Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur

Délation sur ordonnance de Bernard Prou Éditions Livre de Poche

Du même auteur

Alexis Vassilkov ou la vie tumultueuse du fils de Maupassant de Bernard Prou

Première époque;
L’histoire commence à la fin de vie de Guy de Maupassant en  1891 et se termine par le discours de Robert Badinter

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